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Crues et inondations historiques

Les différents épisodes pluvieux à l’origine des crues du Rhône

Le delta est soumis au double effet des crues du Rhône et des tempêtes marines. La concomitance de ces deux phénomènes peut être très dommageable pour lui. Les épisodes pluvieux étant singuliers, ils génèrent autant de crues différentes. Quatre types d’épisodes pluvieux peuvent être mis en évidence :

Épisodes océaniques

  • Période : entre octobre et mars à la faveur de pluies amenées par les vents d’ouest
  • Bassins concernés : Saône, Rhône Alpestre, Rhône Supérieur et dans une moindre mesure, Isère
  • Caractéristiques : régularité et durée des précipitations.

Épisodes cévenols

  • Période : septembre-octobre
  • Bassins concernés : rebord oriental du Massif central
  • Caractéristiques : intensité des précipitations (épisode pluvieux violent) et morphologie de bassins compacts et imperméables.

Épisodes méditerranéens

  • Période :  automne (octobre-décembre)
  • Bassins concernés : Alpes du Sud, couloir rhodanien ou les Cévennes. Certaines pluies méditerranéennes remontent jusqu’à la Saône et l’Ain
  • Caractéristiques : précipitations intenses équivalentes à plusieurs mois de pluie tombant en quelques heures ou quelques jours.

Épisodes généralisés

  • Bassin concerné : globalité du bassin du Rhône
  • Caractéristiques : Enchaînement de plusieurs épisodes pluvieux océaniques et méditerranéens. Les pluies peuvent être simultanées comme en novembre 1840, mai 1856 et octobre 1993. Pour provoquer une grande crue généralisée du Rhône, le bassin doit avoir reçu au préalable de grandes quantités d’eau.

En savoir plus sur les épisodes méditerranéens :  

Les inondations historiques

Les valeurs de débits sont celles estimées à la station de Beaucaire/Tarascon. Elles sont issues de l’étude hydrologique menée par la DREAL Auvergne Rhône Alpes en 2018 et téléchargeables sur le site du plan Rhône.

Décembre 2003

  • Débit estimé : 11 500 m3/s ± 5 %
  • Type :  méditerranéen
  • Nombre de brèches : 4
  • Linéaire cumulé : 266 mètres
  • Volume de déversement : 227 millions de m3
    • Rive droite : 210 millions de m3 et surverse en aval de Sylvéréal
    • Rive gauche : 17 millions de m3
    • Camargue insulaire : absence d’entrée d’eau

Cette crue résulte d’un événement pluvieux très important en étendue et en quantité ayant affecté l’ensemble du bassin versant de Lyon à la mer.

Le cumul des apports au Rhône a donc été très élevé, très brutal et relativement simultané, ce qui explique la rapide montée des eaux du Rhône à Valence et les débits exceptionnels du Rhône à partir de Viviers. La réaction forte de l’Ardèche (maxi de 2 500 m3/s à Vallon Pont d’Arc) a fortement contribué aux très hauts niveaux constatés à Avignon. De plus, en fin d’événement, la vidange lente des champs d’expansion de crues, fortement sollicités lors de cet épisode, ainsi que la réaction tardive de la Durance, ont largement contribué aux débits constatés à Beaucaire/Tarascon.

Novembre 2002

  • Débit estimé : 9 500 m3/s
  • Type : méditerranéen extensif
  • Nombre de brèches : 1
  • Linéaire cumulé : 15 m
  • Volume de déversement : 2 millions de m3
    • Rive droite : 2 millions de m3 et surverse en aval de Sylvéréal
    • Rive gauche : absence d’entrée d’eau
    • Camargue insulaire : absence d’entrée d’eau

Inondations de l’hiver 1993-94

Octobre 1993

  • Débit estimé : 9 300 m3/s
  • Type : méditerranéen extensif
  • Nombre de brèches : 4
  • Linéaire cumulé : 112 m
  • Volume de déversement : 130 millions de m3
    • Rive droite : surverse en aval de Sylvéréal
    • Rive gauche : absence d’entrée d’eau
    • Camargue insulaire : 130 millions de m3

Les précipitations centrées sur la partie méridionale du bassin s’étendent sur la Saône et le Jura. La période de retour de la crue est pratiquement décennale en amont de l’Isère et s’amplifie par les apports des crues moyennes en provenance des affluents méditerranéens. La période de retour de la crue à Beaucaire/Tarascon est d’environ 20 ans.

Janvier 1994

  • Débit estimé : 10 200 m3/s
  • Type : méditerranéen extensif
  • Nombre de brèches : 2
  • Linéaire cumulé : 100 m
  • Volume de déversement : 60 millions de m3
    • Rive droite : surverse en aval de Sylvéréal
    • Rive gauche : absence d’entrée d’eau
    • Camargue insulaire : 60 millions de m3

Les pluies qui tombent sur la partie amont du bassin provoquant des crues modérées sur le Rhône supérieur. Puis, des pluies méditerranéennes affectent la partie aval. Les précipitations cumulées sont importantes sur la Durance et l’Eyrieux. La crue s’amplifie progressivement en aval de chaque affluent méditerranéen pour se transformer en une crue redoutable à Beaucaire. Sa période de retour est d’environ 40 ans.

Mai-juin 1856

  • Débit estimé : 12 500 m3/s
  • Type : généralisée
  • Nombre de brèches : 9
  • Linéaire cumulé : 1 230 m
  • Volume de déversement : 1,8 milliards de m3
    • Rive droite : 300 millions de m3
    • Rive gauche : 500 millions de m3
    • Camargue insulaire : 1 milliard de m3

Le bassin déjà saturé par de fortes pluies reçoit, fin mai, des précipitations exceptionnelles, océaniques au nord et méditerranéennes jusqu’à Lyon. La crue est centennale sur le Rhône en amont de Lyon et plus que centennale en aval de Valence. Celle-ci est, en effet, accentuée par les concomitances des crues de la Saône, de l’Isère, de la Drôme et de la Durance.

« La crue de mai-juin 1856 fut la plus simple et la plus brutale des crues générales du Rhône… Elle compte parmi les plus terribles cataclysmes qui ont dévasté les rives des fleuves français. »

Maurice Pardé
Tarascon en 1856
Tarascon en 1856

Inondations de 1840

  • Débit estimé : 13 000 m3/s
  • Type : généralisée
  • Nombre de brèches : 18
  • Linéaire cumulé : 2 480 m
  • Volume de déversement : 2,8 milliards de m3
    • Rive droite : 1,4 milliards de m3
    • Rive gauche : Plus de 0,6 milliard de m3
    • Camargue insulaire : 0,8 milliard de m3
Mairie d'Arles - repère de crue
Mairie d’Arles – repère de crue

La crue est très forte en amont de Lyon et exceptionnelle en aval, en raison des apports de la Saône. C’est la plus forte crue connue sur la Saône, dont le débit lors de l’événement a été estimé à près de 4 000 m3/s. En Avignon, la crue de la Durance est concomitante avec celle du Rhône qui en est, par conséquent, très amplifiée.

La crue de 1840 est la plus forte crue connue en aval d’Avignon.

C’est « l’événement météorologique le plus grandiose et le plus déconcertant qui se soit jamais produit dans le bassin du Rhône. Il a été provoqué par une succession de quatre averses méditerranéennes torrentielles, dont une au moins était accompagnée de pluies océaniques diluviennes ».

Maurice Pardé en 1925

Les crues de 1840 et 1856, bien que plus importantes, n’atteignent pas le niveau de crue de 2003 entre Beaucaire et Arles en raison des nombreuses brèches provoquées dans la digue de la Montagnette au nord de Tarascon et en traversée de Beaucaire/Tarascon.

Cartographie crues historiques
Cartographie crues historiques