Le littoral camarguais est, comme de nombreuses côtes françaises, directement menacé par la montée des eaux et les submersions marines liées au changement climatique. Les projections estiment que d’ici 2100, sans action publique, près de 32 000 personnes dans le Grand Delta du Rhône pourraient être durablement impactées.
En réponse à cette menace, le SYMADREM, en tant qu’autorité gémapienne, a initié l’élaboration d’une stratégie littorale, s’étendant sur 100 kilomètres de côtes, du Grau-du-Roi à Port-Saint-Louis-du-Rhône.
Cette initiative tend à élaborer une réponse collective et durable pour le territoire vis-à-vis du risque de submersion et d’érosion du trait de côte.
Du diagnostic à la modélisation
Après la validation du diagnostic, la deuxième phase de la stratégie vient de se terminer. Elle s’est concentrée sur l’exploration et la définition de toutes les réponses possibles. Le SYMADREM a choisi une approche accessible, en présentant les réponses sous forme de récits, lors d’un comité de pilotage rassemblant une centaine d’élus et d’acteurs locaux.
Afin que toutes les réponses possibles soient imaginées et débattues, les propositions ont couvert tout le spectre des possibilités, même les plus invraisemblables.
Prochaines étapes et perspectives
Trois des six familles de solutions privilégient la protection collective, combinant ouvrages et solutions fondées sur la nature. Un sondage interactif a déjà permis de mesurer les premières sensibilités des acteurs, offrant un aperçu des options les plus acceptables. La troisième et dernière étape de la stratégie en cours de réalisation, consiste à modéliser les scénarios retenus et à en réaliser une analyse économique pour évaluer l’impact des différentes options.
Cette approche progressive et concertée permettra d’arrêter le plan le plus adapté d’un point de vue technique et économique et répondant aux aspirations des camarguais pour faire face au défi de la montée des eaux. Ce dernier pourra être également une combinaison des 6 scénarios étudiés.
Partir, rester ou se préparer ?
Pour engager le dialogue et sonder les préférences des acteurs, le SYMADREM a développé six familles de solutions, chacune représentée par une affirmation :

1 – Je protège toute la Camargue, je maintiens le trait de côte actuel ; ce scénario, nommé fixiste, mise sur la réhabilitation et le renforcement des épis et brises lames existants pour défendre l’ensemble du littoral et fixer durablement le trait de côte.

2 – Je maintiens la situation actuelle dans l’attente d’y voir plus clair ; cette option attentiste suggère de ne pas prendre de décisions majeures à court terme, en attendant d’obtenir des données plus précises sur l’évolution du risque.

3 – Je protège toute la Camargue mais pas en front de mer, sauf au droit des zones urbanisées ; à la différence du scénario fixiste, cette approche de protection en recul par rapport au rivage privilégie la création d’une protection globale contre la submersion marine en retrait du trait, préservant ainsi les zones naturelles et ne protégeant en premier ligne que les zones habitées.

4 – Je protège uniquement les enjeux urbanisés ; dans cette proposition de protection rapprochée autour des zones urbanisées, le focus est mis exclusivement sur la protection des infrastructures et des habitations, sans s’étendre aux espaces naturels.

5 – Je fais le choix de la protection individuelle plutôt que la protection collective ; ce scénario encourage les mesures de résilience à l’échelle individuelle, comme la surélévation des bâtiments ou la relocalisation et favorise ainsi la réduction de la vulnérabilité.

6 – Je ne pourrai pas lutter, j’organise le déménagement partiel ou total de la Camargue ; cette solution radicale envisage le repli et l’abandon progressif ou total de certaines zones.